A la mi-janvier, l’édition 2021 du colloque Driver réunissait chercheurs, partenaires institutionnels et financiers et bureaux d’étude, pour faire le point sur 10 ans de restauration écologique, et sur les actions à mettre en place pour demain. Une démarche de coopération à laquelle l’Institut participe à travers ses programmes de recherche.
Ce que l’on appelle les petits fonds côtiers, durant des décennies, ont été dégradés par nos activités humaines, urbanisation, rejets et pollution, surpêche… Or leur intérêt écologique est majeur, notamment en ce qui concerne les baies peu profondes et les herbiers, véritables nurseries, particulièrement impactés par exemple par la construction des ports.
Depuis 10 ans, les scientifiques essaient de trouver des solutions pour recréer les fonctions écologiques perdues, imaginer par exemple des habitats pour les juvéniles dans les ports grâce à l’installation de biohuts développés par Ecocéan, Et ça marche ! Les espèces sont plus nombreuses, le nombre de juvéniles augmente, et leur taux de survie est plus important.
Des herbiers aux fonds coralligènes
Un peu plus profond, les herbiers pourvoyeurs d’oxygène, protecteurs du littoral et puits de carbone, mais aussi zones de nurserie, sont également en première ligne. Avec l’augmentation de la plaisance, ils sont eux aussi en recul, même si les nouvelles mesures de réglementation des mouillages prises en 2020 devraient stopper leur destruction. Des essais de transplantation d’herbiers sont menés, comme par exemple à Monaco avec Andromède océanologie, ou comme le fait l’Institut dans la lagune du Brusc (voir programme SAR-LAB).
Plus bas, sur ce que l’on appelle la zone infra-littorale, de nombreux sites ont été dégradés, notamment par les rejets des émissaires de traitement des eaux usées. La qualité de l’eau s’étant sensiblement améliorée depuis quelques années, c’est la voie des récifs artificiels qui est aujourd’hui largement explorée. Il ne s’agit pas cette fois de nurseries, mais davantage d’habitats refuges dans des zones appauvries.
Accumuler et partager la connaissance
Le but est vraiment maintenant d’accumuler de la connaissance, de faire monter en puissance les programmes de recherche, et de mettre en commun les résultats. Il faut par exemple mettre en place des protocoles de suivi rigoureux et standardisés, complètement transposables d’un site à l’autre. Ils permettront de comparer de manière efficace les différents outils, de choisir ce qui fonctionne le mieux, d’évaluer par exemple le temps de colonisation des supports proposés.
Sur les nurseries portuaires, il faut aussi valider la façon dont les juvéniles parviennent à passer dans la population naturelle, sans doute grâce à des émetteurs positionnés sur les poissons puisqu’on est maintenant capables de tagger des individus qui font à peine plus de dix centimètres. Les conclusions du colloque DRIVER insistent vraiment sur la nécessité de diversifier les solutions, de tester, quitte à abandonner certaines d’entre elles, comme le fait la nature depuis des millions d’années ! Encore une fois, nous devons prendre exemple sur elle et nous en inspirer.
S’inscrire dans la démarche ICO-Solutions
Cette année, DRIVER s’intègre dans une nouvelle démarche, baptisée ICO Solutions, pour « Iles, Côtes et Océans ». L’Agence de l’eau Rhône – Méditerranée – Corse, le Conservatoire du littoral, la Chambre de Commerce et d’Industrie métropolitaine Aix-Marseille-Provence , sous le haut-patronage du Ministère de la Transition écologique, co-organisent ICO Solutions pour soutenir et promouvoir des solutions concrètes aux enjeux majeurs de préservation et développement soutenable des Iles, des Côtes et des Océans. Plusieurs ateliers et rencontres seront organisés au premier semestre 2021 et doivent permettre aux organisations publiques, entreprises, experts, universitaires et associations de co-construire ces solutions. Les résultats seront présentés lors des Journées des Engagements ICO, au Palais de la Bourse de Marseille en parallèle des rencontres du Congrès Mondial de l’UICN prévues à l’automne 2021.
Retrouvez en vidéo le Dr Philippe Lenfant, de l’ Université de Perpignan, UPVD, France qui porte DRIVER aux côté d’ ECOCEAN et de l’ Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse. (Vidéo produite par Oceanica Prod)